Aaah l’angoisse du choix des premières chaussures et de celles qui suivent les premiers pas, ça me rappelle des souvenirs ! Gros sujet de discussion entre parents, après celui des jeux d’éveil. On est passés par là il y a 10 ans avec Matys, puis il y a 2 ans avec Noam. Entre les deux, les recommandations ont évolué, et les chaussures aussi ! La preuve, les premières chaussures de Matys, c’était de Kickers. Celles de Noam sont… aussi des Kickers, mais avec une semelle souple. Pour faire le point et y voir plus clair, j’ai posé quelques questions à Juliette Simon, psychomotricienne en Haute-Savoie (74) !
1) Avant les premiers pas, quel type de chaussure privilégier ?
Avant les premiers pas, je préconise la marche pieds nus : c’est là où l’enfant peut tester tout ses appuis, bénéficier du contact sensoriel entre sa peau et la texture des différents sols… On a pleins de captures sous les pieds, ça va lui apprendre à jouer avec ses points d’appuis selon les différentes positions avant d’acquérir la marche.
Quand l’enfant ne marche pas encore très bien tout seul – on va suivre son développement – on peut favoriser les chaussons très souples et très légers. L’avantage d’une chaussure légère : ça permet de ne pas rajouter une contrainte à l’enfant, d’éviter de le déstabiliser. Léger et souple, ce sont deux critères très importants pour l’apprentissage de la marche. Ca permettra de réchauffer les pieds en hiver ou en extérieur, mais en intérieur on peut rester sur le pieds nus, le plus possible.
2) Et au moment des premiers pas, que recommandes-tu comme premières chaussures ?
Aujourd’hui on préconise d’opter pour des premières chaussures souples ; on va éviter les coques rigides au niveau des chevilles pour que la cheville puisse se muscler. Ca a évolué depuis quelques années : auparavant on faisait la recommandation inverse. J’invite les parents à être vigilants au niveau de la pointure : le pied va grandir très vite. Une chaussure trop petite va recroqueviller le pied, ce qui n’est pas confortable. L’enfant va moins se mettre debout du coup. Inversement, une chaussure trop grande va créer un déséquilibre, une tension, des raideurs au niveau des pieds.
L’idéal c’est de se faire conseiller pour l’achat, parce que chaque enfant à une forme de pied spécifique, qui peut nécessiter des modèles adaptés.
Astuce : le site Petits Pas de Géant m’a été recommandé par beaucoup de parents. Vous retrouverez notamment un quizz “Aidez-moi à choisir” qui prend en compte la forme du pied de l’enfant.
3) Plutôt lacets ou scratchs ?
Pour les premiers pas je recommande plutôt les lacets, ça permet de venir bien maintenir le pied. Le scratch a un côté pratique intéressant pour l’autonomie de l’enfant, la motricité fine, la coordination manuelle, mais le maintien est un peu moins optimal. On peut évidemment alterner scratchs / lacets, si c’est plus pratique au quotidien pour les parents.
4) Comment peut-on vérifier si la chaussure est suffisamment souple ? Et la taille ?
Pour vérifier la souplesse, il faut voir si on arrive à replier le talon et la pointe de la chaussure dans la longueur, en rassemblant les deux extrémités. On peut aussi vérifier la souplesse dans la largeur.
Pour la taille, désormais il y a des marqueurs sur les semelles : ça permet de vérifier si l’enfant arrive au bout ou pas. Dès que le pouce arrive à la limite du trait, on sait qu’on va avoir besoin de passer à la taille supérieure.
5) Quel est le risque quand on utilise comme premières chaussures des modèles trop rigides ?
Les bébés sont constamment en mouvement, ils alternent différentes positions, donc leur cheville est fortement sollicitée. Si la semelle est trop rigide, la cheville ne pourra pas bien se muscler. Au niveau de la proprioception, un enfant avec une cheville bien musclée grâce à des semelles souples va être plus sûr dans des performances telles que les sauts, les impulsions.
6) Doit-on privilégier les semelles qui ont des voûtes plantaires ?
Idéalement, on évitera ces semelles pour les premiers pas : les bébés naissent avec les pieds “plats”. Ensuite, au fil de l’acquisition de la marche, les premiers pas puis les vadrouilles sur différentes surfaces et la maturation des muscles plantaires, la voûte plantaire de l’enfant va se développer naturellement. Elle se forme aux alentours de 4-5 ans. Je recommande donc de laisser l’arche de la voûte plantaire se développer naturellement : finalement, pour le choix des chaussures comme pour d’autres sujets, on va se placer dans la continuité du développement naturel de l’enfant.
Mille mercis à Juliette Simon, psychomotricienne en Haute-Savoie (74) pour ses réponses détaillées et sa connaissance fine du développement de l’enfant !
Les coordonnées de Juliette :
Juliette Simon
Psychomotricienne libérale, intervenante en Néonatologie au Centre Hospitalier Alpes Léman et en Camsp à Annemasse
Cabinet à Contamines sur Arve (74)